Nous pouvons dire que l’équipage a exploré le Golfe du Morbihan en long, large et en travers, ainsi que la Bretagne Sud. Mais le temps file, et si nous voulons atteindre le Royaume Uni avant les tempêtes de cet hiver, et en profiter sous un soleil (ou pas) radieux, remonter vers le Nord nous est indispensable.
Et c’est parti pour 4 jours de près, à 20 noeuds dans ta face, avec une mer étonnamment calme (heureusement !) et des pointes de vitesse à 8 noeuds (on va dire que le courant y est pour quelque chose). Le vent est terriblement constant, ç’en est déconcertant. Tous les après midis, pendant la phase des anticyclones, les thermiques de NO se lèvent à 14h et stoppent à 20h lors de nos arrivées au mouillage. Loin, très loin, de ce que nous avons connu. Port Manech, Benodet, Audierne ont été nos étapes vers le Finistère.
Bretagne Sud
Une découverte bien inspirante a été mise sur notre route : Port Manech. Il est impossible de décrire ce village et cette embouchure tant cela est joli. Après un mouillage timide comme toujours (Fabrice mouille toujours à 500m de la plage et à 5 mètres de fond à marée basse :), l’annexe touche le quai flottant du petit Port Manech. Nous parcourons les quelques kilomètres qui nous mènent sur la route de Pont-Aven entourés de plages de sable blanc, d’oiseaux en nombre, et du flux tranquille et doux du fleuve, tout cela dans un silence absolu.

Le ciel est d’un bleu éclatant lors de notre balade, et celle-ci s’achève par la dégustation d’huîtres d’eau douce du Belon (une merveille que même Fabrice va apprécier, c’est dire !).

Au retour, nous avons la surprise de retrouver notre annexe attachée au ponton flottant, mais qui ne flotte plus du tout; disons que nous avons encore mal calculé la marée, nous contraignant à déplacer notre pneumatique pour la mettre à l’eau :). Avec beaucoup de tristesse, nous levons l’ancre en direction de Bénodet. Fabrice voulait voir Bénodet, il a vu Bénodet. Finalement, la zone n’était pas à la hauteur de nos fantasmes. Aucun charme d’apparence, du peu que nous en avons vu. Le temps nous a également manqué. Cette fois, c’est presque la bonne, nous allons au mouillage d’Audierne, en attente de la marée et du vent idéal pour le Raz de Sein.



Pour la suite de l’histoire, le calcul des marées sera absolument primordial : le passage du Raz de Sein ! Mythique, parfois très dangereux, décrit comme tumultueux et capricieux, nous devons avouer appréhender son passage. Les noms de lieux dans la zone sont évocateurs comme la baie des Trépassés, où, à priori, les corps des naufragés étaient retrouvés. Ou le super proverbe : Qui voit Sein, voit sa fin…. Bref, nous avons deux choix : soit passer à l’ouest du phare Ar-Men, soit par le Raz de Sein.

Ar-Men, disons-le franchement, ne nous inspire pas : les courants nous portent sur la chaussée de Sein, la houle est « rarement » favorable, la mer très chaotique. Les indications nautiques du SHOM et les conseils d’un ami qui se reconnaitra, nous poussent à emprunter le Raz De Sein. Mais attention : pour éviter de se faire castagner, il faut passer à l’étale, à une heure bien précise, afin d’avoir le moins de courant possible si le vent ne nous aide pas ! Heure prévue : 16h11. C’est précis et évidemment impossible en pratique. Le bateau c’est comme la SNCF : a priori tu arrives à un moment donné, il y a toujours une panne et tu ne sais jamais à quelle heure tu arrives.
Nous voici donc ultra préparés (horaires, courants, vent, annexe pliée et rangée, rien ne dépasse, gilets, longes, tenues de quarts complètes, et même bonnet; bah oui, on est pas à Porquerolles !) à l’entrée du Raz de Sein, à 16h00 et le courant est déjà portant, parfait ! Pour corser le tout, et augmenter la pression dans le cockpit, le brouillard se lève précisément au moment du départ du mouillage, pour se dissiper quelques instants après l’entrée dans le Raz, histoire de bien voir le phare de la Vieille de près !

De nombreux bateaux empruntent notre route, dans notre sens. Cela signifie que nous ne nous sommes pas plantés dans les horaires; on compte une trentaine de bateaux. Certains navires de course passent à contre-sens, à 15 noeuds tranquilles, face au courant. Pour notre part, tout se passe facilement : le vent est en travers, puis au portant. Le Nos Limites file 9,5 noeuds sans aucun effort, ça nous rappelle les sorties des fleuves Portugais.
En mode « paresseux », calés nonchalamment dans le cockpit (on peut dire aussi « vautrés »), nous le passons à toute vitesse, avec une mer presque d’huile, et un vent favorable. Décidément c’est comme le roi Janus : soit il est terrible, soit il est tout doux. Par chance, notre baptême du feu se passera sans encombre, sauf peut être le regret du regonflage de l’annexe qui nous attend à l’arrivée, mais nous n’allons pas nous plaindre!
Nous voilà poussés dans la magnifique baie de Douarnenez. Nous passons le cap de la Chèvre en rasant les cailloux, hésitant même à envoyer le spi asymétrique. Protégés par le cap, la mer devient tout à coup parfaitement lisse, et le bateau glisse sans bruit dans la brume et la bruine; seul le clapot fait par l’étrave se fait entendre. L’ambiance est irréelle. Nous en profitons tellement longtemps que nous plions les voiles un peu tard en entrant dans la baie. Magique.
Nous jetons l’ancre et nous apprêtons à découvrir Morgat, petit bijou sur la presqu’île de Crozon. On la vend comme une merveille, avec des plages de sable blanc, des criques spectaculaires, etc…En pratique, et depuis le début du voyage, nous n’avons jamais vu autant de splendides plages qu’en Bretagne; les plages du Var sont faites de roches ou de sable industriel, idem pour les Alpes Maritimes. Ici, au moins, le sable n’est pas enlaidi par les façades de béton en arrière et tout respire le charme des stations balnéaires qui ont su se préserver de l’allure Majorquine et de ses resorts emboîtés sur la côte.
Chaussés de nos bottes de randonnée, nous arpentons le GR34 à la recherche des plages tant promises, interdites à toute présence humaine à cause de sur-fréquentation. Mais leur vision en vaut la peine. Sublime.






Le Dolmen
Comment décrire la Bretagne sans parler des dolmens, ces monuments ancestraux et immenses, parsemant le littoral et les terres Bretonnes ?
Il semble que notre sentier nous mène droit sur un Dolmen; le sang (partiellement) Breton de Fabrice bouillonne de désir de voir ce dolmen. Loupé une première fois, puis une seconde fois…Google maps finit par nous dire qu’il faut sortir du GR, prendre la départementale puis faire un autre détour pour le trouver. On va résumer brièvement la situation. Nous sommes partis sur une randonnée de 20km, sous un ciel bleu azur et une chaleur assommante, sans vent. Nous devons faire un détour de 30 minutes pour trouver un dolmen ancestral, et marcher de nouveau sur une départementale et encore sous un soleil de plomb, évitant les voitures de parisiens déjà en retard sur les horaires d’arrivées. Il aura fallu que Fabrice use de tous les arguments possibles pour me convaincre, mais il est fort le bougre !
Une flèche peinte à la bombe sur une plaque d’égout sur le bord de la route avec « dolmen », indique un sentier non entretenu, bordés d’ajoncs plus hauts que moi ! Misère! Nous traversons le sentier, piqués par toutes sortes de plantes, avant d’arriver au monument. Nous l’avons mérité celui-là. Vous constaterez sur la photo que ça valait vraiment le coup…(un peu de sarcasme pour changer, tiens!). Fabrice, pas peu fier d’avoir vu son dolmen, repart le coeur léger sur les 10km du retour.


Douarnenez, Treboul
Qui dit navigation, dit ……….? Bricolage ! Le nouveau réservoir flambant neuf du chauffage au fioul est arrivé au port, escale technique pour ne pas avoir froid aux papattes en Angleterre (12 degrés la nuit, avec l’humidité, la bruine et tout ça…vous voyez l’embrouille sans chauffage). Le petit port de Treboul, sur le fleuve Rhu, juste en face de Morgat nous ouvre les bras. Trois gros colis sont récupérés, dont la capitainerie est contente de se débarrasser :).
La navigation Morgat -Douarnenez nous inspire une régate de Dix miles nautiques, avec un voilier navigant parallèle à notre route. Comme disent les Anglais : un bateau c’est une promenade, deux bateaux c’est une régate. Nous nous prenons au jeu, à fond au près : 7,5 nds, au près, talonnés de près mais finalement vainqueurs officieux de la course…Avant de se rendre compte que le sloop qui nous suivait (le perdant quoi !) était un Kelt 7,60. Ainsi donc, au près, le Sharki est aussi rapide qu’un voilier deux fois plus petit que lui, le top ! Nous savons au moins à quoi nous en tenir. Nous gardons tout de même l’allure fière et altière des vainqueurs en les saluant, en mode très « fairplay » à l’arrivée. Il faut savoir rester classe :).
Deux ports, deux ambiances
Treboul est calme, et on s’y sent comme à la maison, avec ses allures de grand club nautique et une ambiance propice aux discussions de ponton. Nous filons explorer à pied le port du Rhu, plus loin dans le fleuve, cerclé par une écluse. C’est le jour et la nuit : le Rhu compte de nombreux bateaux de chantiers amateurs, de style grand voyage (mais qui ne voyage plus depuis longtemps), avec un tas de bordel sur les ponts, des chiens paresseux sur les quais, et assez de poids de rouille sur la coque pour servir de lest. Rajoutez à ça une odeur persistante de fish and chips, et une petite pluie fine et persistante et vous y êtes, très British comme ambiance.

Cinq jours de bricolage (peinture, perçage du pont, ponçage, reperçage, nettoyage…) nous attendent dans l’attente du vent favorable et de la douce chaleur induite par notre petit Refleks !
Affaire à suivre.
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