Après quelques mois studieusement passés à travailler (il faut bien remplir la caisse de bord) et à bricoler (encore) sur le Nos Limites, nous voilà repartis pour l’Atlantique cette fois-ci. Pas question de trop traîner; il nous faut passer plus de 600 miles nautiques avant d’atteindre notre objectif : Gibraltar, l’Atlantique, sa longue houle attendue comme la terre promise et sa météo (presque) enfin prévisible plus de 12 heures en avance.
Ainsi, les derniers préparatifs réalisés, et Dieu sait qu’il en reste toujours à faire, nous voilà rendus à larguer les amarres de Gruissan. Cette très belle escale était une découverte fort agréable et nous y avons rencontré des gens merveilleux et amicaux, dont un certain nombre vivent également sur leurs bateaux. Nous avons eu la chance de pouvoir absorber leur expérience pendant quelques apéritifs toujours bienvenus et de raconter nos vies au détour du quai de l’enfer.
NB : le quai de l’enfer de Gruissan est situé à environ 20° babord par rapport à la Tramontane. Ainsi, durant les jours de tempête ou de coups de vent, le bateau peut gîter au port de 20° également. Sensation garantie, idéal pour rester amariné même longtemps à quai !
Mais, et il y a toujours un MAIS… Cette zone de navigation est un put*** de triangle des Bermudes Méditerranéen. Nous avons donc le choix, en intermittence, entre des vents de NO, joliment surnommé « Tramontane » et des vents de Sud ou Sud est baptisés « Marin ». Ils s’alternent sans pause, sans répit pour nous pauvres marins. Ne vous y trompez pas, ils sont souvent force 6-7 voire davantage et lèvent évidemment une mer contraire aux courants. Bref, une belle crise de nerfs en perspective.
Notre premier objectif dans ce périple est donc le passage de ce fameux cap Creus, un des deux caps qui doit accepter de vous laisser passer (avec le fameux cap Sicié). Sauf que le jour de notre départ, il n’était pas vraiment d’humeur. Nous voilà donc tranquillement installés dans le cockpit du Sharki à déguster du chocolat et un petit café quand le vent (de sud évidemment) se réveille. Il est prévu ce jour là un vent disons à 10-15 noeuds et une mer plutôt calme et cela sur 24 heures. Je remercie au passage les météorologues de nous faire ce genre de blagues de façon récurrente, en particulier dans la région.

Le vent lève en quelques dizaines de minutes une mer décrite par de nombreux marins comme « dégueulasse », le Nos Limites plonge littéralement le nez dans la vague avec de nombreux à-coups et je crois n’avoir pas entendu la coque craquer comme ceci depuis bien longtemps. Fabrice, le vaillant capitaine tient la barre pendant que votre narratrice, Céline, est en train de prier, allongée dans le carré au sol, pour que ses souffrances se terminent, la nausée montant dès que ses yeux s’ouvrent ou pendant ses tentatives de rester assise plus de cinq secondes. La trace GPS du navire montre une belle dérive et évidemment, un passage impossible du cap. Nous espérons que le sémaphore du cap creus à salué la tentative. Après six heures de souffrance, nous voilà rendus à Port Vendres.
Port Vendres est un charmant petit port, assez calme (mort) en cette saison, avec un quai d’accueil bien dangereux en béton. Tout ce qu’on attend d’un quai d’accueil à 20 heures après une traversée pareille. Les amarres en main, et avec toujours un fond de nausée, nous voilà enfin en sécurité. Rien n’a cassé, le bateau est très très propre, les passavants ayant été décapés par l’eau de mer.

Nous restons à quai 24 heures afin de profiter d’un bon repos. Le matin du départ, nous sommes levés à 5h30. La météo semble idéale mais seulement pendant une dizaine d’heures. Gants étanches, triple couche de mérinos (température annoncée en mer, 8° ressentis 3…), bateau et équipage prêt !
Et démarrage ! En fait non, la batterie principale et probablement les autres aussi, ont décidé de nous lâcher juste là. En écrivant ceci aujourd’hui à 48 heures de l’évènement, j’en ris presque aux larmes mais le jour J, c’est le désespoir, l’apitoiement et l’impression de ne pas avancer. La capitainerie aura tellement pitié de nous qu’elle tentera de nous prêter pas moins de 4 batteries pour essayer de démarrer (il est possible que ces batteries soient aussi vieilles que le bateau d’ailleurs). Les batteries étant toutes KO, et dans un ultime sursaut, la dernière permet ENFIN le démarrage !! Nous apprenons au final que leur aide était menée non par un altruisme démesuré inspiré de pitié mais par la nécessité qu’un méga CATA A MOTEUR (vous avez bien lu) prenne notre place (deux pendilles tout ça tout ça). Mais disons, pour rester positif, que cela aura permis de prouver que ce n’est qu’un problème de batteries, commandées le jour même ! Et pour être encore plus positifs : nouvelle place sur un Catway et isolés de la route, au top !
Arrivée des batteries dans 48 heures et départ pour Minorque dans la foulée !
Profitons donc de cette escale pour …bricoler :
- Céline : vernis du plancher du carré côté cuisine, installation des plafonniers tous neufs
- Fabrice : Refleks, fixation de la tête de la cheminée et son installation 🙂
Mais aussi pour randonner : 8 beaux kilomètres pour voir le Cap Bear de la Terre !



Suite au prochain épisode …
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