Carloforte et le sud de la Sardaigne

La suite du périple prévue en Sicile n’a finalement pas lieu, le vent nous abandonne tel un lâche à la moitié de la route séparant Rome de Palerme. Nous passons de 20 noeuds de vent à 5 noeuds…puis plus rien. Une mer d’huile comme la Méditerranée sait nous l’offrir; une chaleur suffocante se ressent depuis le Sud. Avec Fabrice, c’est une révélation, nous renonçons, soucieux d’éviter l’enfer du brasier Sicilien.

Le choix se tourne vers la Méditerranée occidentale, nous virons de bord et partons direction le Sud Sardaigne, n’importe où pourvu que cet air brûlant nous quitte. Une belle fin de croisière se déroule avec une arrivée à la pointe Sud de la Sardaigne en fin de journée. Nous sommes surpris de la baie où déjà dix voiliers sont mouillés (uniquement des Français !). Nous la surnommons French’s man bay.

Dès le lendemain nous cabotons et sommes surpris de la beauté des paysages, qui sont totalement en adéquation avec ce que nous adorons : des crêtes rocheuses quasi désertiques, une eau limpide, des fonds sableux où le fond se voit même à 10 mètres, le calme, et les maquis qui tapissent le reste des lieux. Le débarquement en annexe est toujours aussi complexe, les autorités Italiennes n’aiment pas les plaisanciers qui évitent les ports et chaque débarquement est affaire de ruse et d’observations. Notre kayak gonflable a notre préférence pour explorer les plages.

Mini crique accessible uniquement par la mer en Sardaigne

Cagliari, la capitale de la Sardaigne, est désignée comme notre prochain foyer pour quelques jours. L’approche se fait sans peine, à la voile et cette ville, vue de la mer, semble défigurée par les portiques des ferrys, la pollution et les mouillages de cargos et de pétroliers au large. Pourtant, plus les quais se profilent, plus vite apparait la ville historique, posée comme un nid d’aigle sur la colline.

Dans les rues du Cagliari historique !

A peine débarqués dans la petite marina familiale del Sole, nous cherchons avec nos vélos les repères rassurant tout marin : les magasins d’accastillage, les cafés ouverts tôt le matin, les petits supermarchés et surtout les glaciers !

Cagliari

Le compte est bon, et nous voilà escaladant les ruelles étroites et peu fréquentées de Cagliari. Peu fréquentée est un avis biaisé pour ceux qui débarquent de Rome, mais c’est néanmoins un plaisir absolu. Le plaisir de cette glace chez « Peter pan », dégustée sous la fraicheur d’immenses hévéas est incomparable.

Accueil rustique au port 🙂

Nous avons adoré cette ville, ses églises rénovées, les restaurateurs sympathiques et joviaux, l’ambiance invitant à la détente, très loin des champs bruyants et anxiogènes d’autres grandes villes.

Dans le port, pour une fois nous ne bricolons absolument rien sur le bateau ! Rien ! C’est un fait rarissime, rien ne semble cassé et rien ne nécessite pour l’instant d’entretien. Je plaisante ! Fabrice a dû monter en haut du mât d’artimon pour changer le cable de l’avertisseur sonore !:D, pour une fois c’est son tour de grimper !

Nous prenons même le temps d’explorer Cagliari by night, avec ses anciens quais industriels rénovés en une magnifique esplanade, interdite aux véhicules et parsemées de plantes mellifères, un régal ! La nuit est douce et fraîche (à la différence de Rome où les nuits étaient suffocantes), nous n’entendons que le chant des grillons et le bruissement du vent dans les immenses graminées du parc, et nous voilà allongés sur des méridiennes de pierre brute à contempler le ciel d’une nuit sans lune. Nous quittons presque avec regrets cette cité dans laquelle nous nous sommes sentis si bien.

Direction Carloforte : l’île dans l’île ! L’esprit insulaire le plus absolu sans les côtés négatifs (encore un avis biaisé et pour l’instant notre plus belle escale). L’accueil des marineros du port est mémorable, nous prenons un orage non prévu à l’entrée du port, l’anémomètre nous indique un bon 30 noeuds au moment de l’amarrage …échec de manoeuvre. Le marinéro semble hésite et nous demande si le propulseur d’étrave est puissant….moue dubitative devant notre « very weak ». On nous demande de patienter 5 minutes, à lutter face au vent dans l’attente d’une place adaptée au bateau mais surtout aux conditions climatiques. Cinq minutes plus tard, l’orage est passé (chance? expérience des marins du port?); nous découvrons cette ville improbable, peu connue des gens autres que locaux.

Carloforte, pépite à une journée de Cagliari

Les marais salants de Carloforte by night

Nous rencontrons au détour d’un quai un très sympathique propriétaire de Amel (même chantier que notre petit sharki) et apprenons même qu’il connaît NOTRE bateau, ayant connu son ancien propriétaire. Quelle rencontre improbable et jubilatoire ! Les visites mutuelles dans les bateaux des uns et des autres s’enchaînent pour notre plus grand plaisir. La compagne d’un des marins rencontrés via radio ponton nous propose même ses services de coiffeuse professionnelle. Ses doigts de fée sauveront probablement les cheveux de Fabrice qui devait passer le soir même entre mes mains et la tondeuse (pour la première fois, oui, oui…).

Le destin sauve Fabrice de mes mains de piètre coiffeuse !

Les tavernes servent à Carloforte des plats généreux, le petit marché local nous fournit moultes provisions en vue d’un départ prochain.

Les produits délicieux du marché local !
Le voilier coulé dans le port tranquille (pas le nôtre heureusement !)

Les trois jours passés à Carloforte nous ont protégés de l’orage qui sévissait sur l’ile. Le temps du départ est venu, avec la prochaine escale prévue aux Iles Baléares, tout comme les compères rencontrés à Carloforte !

Fabrice prépare le plan des mouillages ! Dernier jour à Carloforte

2 réponses à « Carloforte et le sud de la Sardaigne »

  1. Bravo, rédaction toujours stylée ( comme diraient les jeunes..)

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  2. Bravo, rédaction toujours stylée ( comme diraient les jeunes..)

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