La route se poursuit en juin à partir de San Teodoro en direction de l’île de Palmarola , pépite de la Méditerranée dont Cousteau disait qu’elle en était la plus belle. Très sauvage même si une créatrice de mode très connue est la seule à y avoir un gigantesque manoir sur celle-ci, moyennant un petit transfert en hélicoptère…
Les 30 heures de traversées sont pénibles car nous sommes ballotés entre la houle de Sud du Sirocco et celle du Mistral de Nord Ouest qui souffle depuis 3 jours à plus de 20 noeuds. Heureusement, un bon vent constant nous pousse au portant. Entre deux rafales, nous respirons, avant qu’une vague scélérate ne nous arrose encore un peu plus. L’alternance de quarts semble de plus en plus difficile mais les miles s’enchaînent, nous filons 7 nd (énorme pour le bateau que nous avons). Aux trois quarts du chemin, l’excitation de voir enfin la côte est à son comble et la nuit sans lune nous offre les étoiles accrochées comme des diamants. Nous avons prévu une arrivée à l’aube.

La magie opère vers 6 heures du matin : une côte rouge, l’île de Palmarola qui pointe et le vent qui se calme enfin, comme s’il n’était là que pour nous aider.



La beauté et l’intégrité de ce caillou sauvage frappe par rapport à la côte sablonneuse et envahie de parasols de la Sardaigne. Nous sommes en mer Tyrrénienne à présent. La houle ne permet pas un mouillage reposant. Quelques miles plus tard, et toujours portés par le vent, nous arrivons à Ponza, la plus grande des quatres îles Pontines, et tout aussi belle que la précédente, même si l’homme y a déjà gravé son empreinte.
Découverte incroyable et non prévue, notre escale devait être très brève sur Palmarola, avant de repartir vers les îles Eoliennes. Pourtant, nous restons 8 jours sur Ponza. Le mouillage près du port est sûr, les eaux sont transparentes (lorsqu’il n’y a pas de houle), peu poissonneuses, le fond sableux, et l’eau est déjà à 22 degrés.

Le débarquement est prudent : les guardia di Finanza guettent les mouillages très régulièrement et une législation interdit à priori de laisser le bateau sans au moins une personne à bord. Etant très respectueuse des lois, je m’aperçois que beaucoup (voire la totalité) des Italiens et des autres, ont trouvé la combine : ils laissent une lumière allumée dans le bateau et quittent discrètement le bord en n’y laissant évidemment personne ! L’arrivée dans un pays inconnu rendrait n’importe qui timide. Nous passons donc rapidement en mode local.

Quelle beauté ! Les petites maisons colorées, les rues pavées, le grand port de pêche où s’entassent des bateaux ventrus d’un autre temps…et au milieu, des ferrys qui défilent par dizaines toute la journée pour apporter le flot des touristes locaux (Romains et Napolitains essentiellement). Ces ferrys contribuent à la houle locale, force 4 qui n’est présente que de 9h à 19H…encore une preuve de la nuisance humaine jusqu’au fond de la Méditerranée (il faut bien qu’il y ait des imperfections).
La nourriture comme partout en Italie est excellente, les habitants charmants et serviables; leur sourire est communicatif. Notre séjour gastronomique se déroule une bonne semaine, entre les pizzérias napolitaines fabuleuses (le Faro), les beaucoup moins bonnes, l’espadon frais coupé directement sur le port…

et la ville totalement vide à 7heures du matin.

Et si vous pensez que la farniente est au cœur de la mentalité locale, détrompez-vous. Une chose est constante : les magasins semblent ne jamais fermer. Nous trouvons des ships ouverts à 23h, des concerts toute la nuit, les glaciers également.
D’ailleurs, nous avons souvent besoin des ships puisque la drisse de notre trinquette a cassé sans explication, donc direction la tête de mât pour gérer la souci. Toutes les escales sont techniques !

En fait, nous sommes arrivés exactement pendant le solstice d’été : la San Silverio, soit la fête la plus importante de l’île, celle de son Saint Patron, ponctuée de feux d’artifices à 6heures du matin (si, si…), en plein jour, à minuit, et surtout la messe en live au mouillage via d’énormes enceintes placées dans toute la ville !
Une expérience unique que le destin nous a offert.
Un imprévu nous oblige ensuite à nous rendre sur Rome pour rallier la France pour quelques jours.
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